terça-feira, 26 de janeiro de 2016

LE CULTE DE VÉNUS



(...) Alors pourquoi en parlait-il d'une façon tellement dépréciatrice, pourquoi se sentait-il si coupable? 
(...) Ne  traitait-il pas cette force vitale comme une déesse mineure qu'il prostituait dans les bas-fonds de sa psyché? Une revalorisation de Vénus l'amènerait peut-être à laisser de côté sa culpabilité et à affirmer à sa maîtresse combien il appréciait les heures de douceur et de plaisir érotique passées en sa compagnie. (...)
Pourquoi les rapports dominés pas l'érotisme devraient-ils toujours être vécus dans le silence ou la culpabilité? Ne nous est-il pas possible d'assumer notre désir et notre sexualité? Pourquoi y a-t-il encore un si grand malaise autour de cette force? Pourquoi avons-nous tant de mal à la reconnaître comme une divinité, comme une force psychique à part entiére? L'acte sexuel ne dépasse-t-il pas toujours le simple "besoin de se vider"? (...)
Freud affirme que la sexualité au sens large, l'Éros, est la force que nous relie au monde, qui nous oblige à sortir de nous-mêmes. Alors pourquoi ne pas la célébrer et l'entourer de poésie? Notre civilisation est-elle si pauvre que notre culte de Vénus doive nécessairement se résumer à la pornographie? (...)
Vu sous cet angle, une obsession sexuelle serait due au fait qu'une personne n'accorde pas assez de valeur à cette force naturelle, et non pas au fait qu'elle lui en accorde trop. Lorsqu'elles sont refoulées, les puissances méprisées deviennent souterraines et, du tréfonds de l'inconscient, exercent une fascination irrésistible sur la conscience. Le chemin de la guérison passe par l'acceptation profunde de l'être sexuel et non par sa répression ou par une ilusoire tentative de contrôle. 
Plutôt que de diminuer l'importance de la sexualité, il faut l'amplifier pour la comprendre. Refuser Aphrodite signifie s'amputer de toute notre capacité de relation au monde et à sa merveilleuse beauté. (...)
(Père manquant, fils manqué. Guy Corneau. Les Éditions de l'Homme. Bibliothèque nationale du Québec. 1989. pp. 103/105) 

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