"Il la protégea et elle l'affermit. Grâce à lui, elle put marcher dans la vie; grâce à elle, il put continuer dans la vertu. Il fut le soutien de cet enfant et cet enfant fut son point d'appui. O mystère insondable et divin des équilibres de la destinée!"
"Sur le premier gobelet on lisait cette inscription: vin de singe, sur le deuxième: vin de lion, sur le troisième: vin de mouton, sur la quatrième: vin de cochon. Ces quatre légendes exprimaient les quatre degrés que descend l'ivrogne; la première ivresse, celle qui égaye; la deuxième, celle qui irrite; la troisième, celle qui hébète; la dernière, enfin, celle qui abrutit."
"Pas de vide dans le cœur humain. De certaines démolitions se font, et il est bon qu'elles se fassent, mais à la condition d'être suivies de reconstructions."
"Le passé a un visage, la superstition, et un masque, l'hypocrisie. Dénonçons le visage et arrachons le masque."
"Ce livre est un drame dont le premier personnage est l'infini. L'homme est le second."
"Le régime monacal, bon au début des civilisations, utile à produire la réduction de la brutalité par le spirituel, est mauvais à la virilité des peuples."
"Rêver la prolongation indéfinie des choses défuntes et le gouvernement des hommes par embaumement, restaurer les dogmes en mauvais état, redorer les châsses, recrépir les cloîtres, rebénir les reliquaires, remeubler les superstitions, ravitailler les fanatismes, remmancher les goupillons et les sabres, reconstituer le monachisme et le militarisme, croire au salut de la société par la multiplication des parasites, imposer le passé au présent, cela semble étrange. Il y a cependant des théoriciens pour ces théories-là. Ces théoriciens, gens d’esprit d’ailleurs, ont un procédé bien simple, ils appliquent sur le passé un enduit qu’ils appellent ordre social, droit divin, morale, famille, respect des aïeux, autorité antique, tradition sainte, légitimité, religion; et ils vont criant: – Voyez! prenez ceci, honnêtes gens. – Cette logique était connue des anciens. Les aruspices la pratiquaient. Ils frottaient de craie une génisse noire, et disaient: Elle est blanche. Bos cretatus."
"[...] c'est une des fatalités de l'humanité d'être condamnée à l'éternel combat des fântomes."
"Ne retirons rien à l’esprit humain; supprimer est mauvais. Il faut réformer et transformer. Certaines facultés de l’homme sont dirigées vers l’Inconnu; la pensée, la rêverie, la prière. L’Inconnu est un océan. Qu’est-ce que la conscience? C’est la boussole de l’Inconnu. Pensée, rêverie, prière, ce sont là de grands rayonnements mystérieux. Respectons-les. Où vont ces irradiations majestueuses de l’âme? à l’ombre; c’est-à-dire à la lumière.
La grandeur de la démocratie, c’est de ne rien nier et de ne rien renier de l’humanité. Près du droit de l’Homme, au moins à côté, il y a le droit de l’Âme.
Écraser les fanatismes et vénérer l’infini, telle est la loi. Ne nous bornons pas à nous prosterner sous l’arbre Création, et à contempler ses immenses branchages pleins d’astres. Nous avons un devoir: travailler à l’âme humaine, défendre le mystère contre le miracle, adorer l’incompréhensible et rejeter l’absurde, n’admettre, en fait d’inexplicable, que le nécessaire, assainir la croyance, ôter les superstitions de dessus la religion; écheniller Dieu."
"Nier la volonté de l'infini, c'est-à-dire Dieu, cela ne se peut qu'à la condition de nier l'infini."
"Le cri: Audace! est un Fiat lux. Il faut, pour la marche en avant du genre humain, qu’il y ait sur les sommets, en permanence, de fières leçons de courage. Les témérités éblouissent l’histoire et sont une des grandes clartés de l’homme. L'aurore ose quand elle se lève. Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantô, insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête; voilà l'exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise."
"Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour; mais il était joyeux parce qu'il était libre."
"Je fais peu de cas de la victoire. Rien n'est stupide comme vaincre; la vraie gloire est convaincre."
"Dans ces aspirations, bien plus que dans les idées composées, raisonnées et coordonées, on peut retrouver le vrai caractère de chaque homme. Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux. Chacun rêve l'inconnu et l'impossible selon sa nature."
"Les ténèbres, ces sombres couveuses du christianisme primitif, n'attendaient qu'une occasion pour faire explosion sous les Césars et pour inonder le genre humain de lumière. [...] Tout lave commence par être nuit. Les catacombes, où s'est dite la première messe, n'étaint pas seulement la cave de Rome, elles étaient le souterrain du monde."
(Les Misérables : Victor Hugo, vol. II)
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